La pandémie de COVID-19 a accéléré l'adoption de la télémédecine et l'innovation numérique dans le secteur de la santé en Suisse. Des start-ups locales ont développé des solutions pour le suivi des contacts, le diagnostic et la gestion des gestes barrières, propulsant le secteur health tech vers une croissance rapide.

La pandémie de COVID-19 a agi comme un catalyseur pour la transformation numérique du secteur de la santé en Suisse, accélérant l’adoption de la télémédecine et stimulant le développement d’outils numériques paramédicaux.
Avant la crise, la numérisation du secteur de la santé était perçue comme une priorité, mais freinée par des environnements IT complexes, un manque de spécialistes et une résistance au changement. Cependant, avec l'arrivée de la crise sanitaire, ces obstacles ont été surmontés. Une enquête menée par KPMG auprès de 38 établissements de santé a révélé que la pandémie a modifié les mentalités, rendant les prestataires de soins plus ouverts aux changements numériques.
Le signe le plus visible de cette évolution est sans doute l’adoption accélérée de la télémédecine. Par exemple, l’Hôpital de la Tour à Genève a étendu l’utilisation de la plateforme d’e-consultation de la start-up Soignez-moi.ch. D’autres start-ups suisses, comme eedoctors à Berne, ont élargi leur offre aux médecins de famille, hôpitaux et centres de santé. De son côté, OneDoc à Genève a anticipé la demande en développant dès avril un module de consultation vidéo, initialement prévu pour l'été.
Au-delà de la télémédecine, de nombreuses start-ups suisses ont mis au point des outils numériques pour répondre aux enjeux pandémiques. L'application Swisscovid, développée à l'EPFL, a été l'une des premières initiatives pour notifier les contacts à risque, grâce aux API d'Apple et Google. La start-up vaudoise DeepLink a, quant à elle, créé des chatbots pour informer les entreprises des mesures de soutien dans les cantons de Vaud et Genève.
D'autres entreprises ont rapidement adapté ou étendu leurs produits pour aider à respecter les gestes barrières. Technis, spécialisée dans les sols connectés, a modifié sa technologie pour permettre aux commerces de gérer le nombre de personnes présentes simultanément dans un lieu. De son côté, Beekeeper, une start-up alémanique, a enrichi sa solution collaborative pour permettre aux entreprises de collecter des informations sur la santé de leur personnel.
La pandémie a aussi suscité de nouvelles idées pour l’utilisation des données à des fins diagnostiques. Des projets comme celui de l’EPFL et du MIT ont permis de développer des algorithmes capables de détecter une infection à partir du son de la toux enregistré avec un smartphone. La start-up zurichoise Ava a lancé un projet au Liechtenstein pour évaluer la capacité de ses bracelets de fertilité à détecter précocement le COVID-19.
Ces innovations représentent une avancée importante pour la scène health tech suisse, qui compte désormais près de 200 start-ups. Selon Alfred Angerer, professeur en gestion des soins de santé à la ZHAW, "le secteur de la santé numérique et les start-ups qui y sont associées se développeront rapidement dans les années à venir. La pandémie de COVID-19 accélérera probablement cette tendance."
Ainsi, bien que la crise sanitaire ait été un défi pour de nombreux secteurs, elle a également permis à la Suisse de prendre un virage numérique décisif dans le domaine de la santé, ouvrant la voie à de nombreuses innovations porteuses d’avenir.
Source : ICTjournal